Maroc 2035 : de l’émergence économique à la puissance-pivot ?
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Dans une nouvelle Note stratégique présentée en avant-première lors du Choiseul Africa Business Forum les 4 et 5 novembre à Rabat, l’Institut Choiseul explore la trajectoire de développement du Royaume du Maroc et les conditions de sa projection vers 2035.
Signée par Yasmina Asrarguis, chercheure associée à l’Université de Princeton, cette publication – « Maroc 2035 : de l’émergence économique à la puissance-pivot » – propose une lecture structurée des transformations profondes engagées depuis 1999 sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, et identifie les leviers internes d’un modèle en consolidation.
De l’infrastructure à la puissance-pivot
La Note stratégique met d’abord en évidence un socle d’infrastructures et de connectivité sans équivalent sur le continent. Ports, autoroutes, zones industrielles et réseaux logistiques ont permis au Maroc de devenir un hub régional et un point de passage stratégique entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe.
Le projet du gazoduc Nigeria–Maroc, appelé à relier treize pays d’Afrique de l’Ouest, illustre cette ambition d’interconnexion. À travers cette initiative, le Royaume inscrit son développement dans une logique de coopération continentale et d’intégration énergétique.
L’industrialisation, moteur de montée en gamme
Deuxième pilier mis en avant par la note : la montée en puissance industrielle. Premier producteur automobile du continent, le Maroc exporte chaque année plus de 700 000 véhicules et s’impose comme un acteur clé des chaînes de valeur mondiales.
Mais au-delà du succès de la filière automobile, c’est une transformation qualitative qui s’opère. L’émergence d’une industrie des batteries et de l’électromobilité témoigne de la capacité du pays à anticiper les grandes transitions énergétiques et à s’adapter aux nouvelles normes européennes, notamment en matière de taxation carbone.
Un modèle de développement plus inclusif
La consolidation de l’État social constitue le troisième levier identifié. L’universalisation de la protection sociale, la généralisation de la couverture santé, et la mise en place d’aides directes incarnent une inflexion majeure vers un modèle de croissance plus inclusif et durable.
Cette orientation traduit une volonté claire : arrimer la prospérité économique à la justice sociale, et faire du développement humain un pilier de la stabilité à long terme.
Des défis à relever pour 2035
Cette trajectoire ambitieuse n’est pas exempte de défis. La note souligne la nécessité d’une gestion durable des ressources en eau, de la réduction des inégalités territoriales, de la création d’emplois qualifiés pour la jeunesse et du renforcement de la résilience face aux tensions géopolitiques et énergétiques mondiales.
Autant d’enjeux qui conditionneront la capacité du Maroc à consolider sa position de puissance-pivot africaine et à traduire ses atouts en influence durable.
« La philosophie d’action qui se dégage de cette note reflète les lignes de force du Maroc : stabilité macroéconomique et institutionnelle, infrastructures de niveau mondial, et défis à relever pour mieux exprimer la solidarité nationale dans un contexte de forte croissance. »Yasmina Asrarguis, chercheure associée à l’Université de Princeton
Entre continuité et adaptation, le Maroc illustre un modèle d’émergence maîtrisée, ancré dans la stabilité mais tourné vers l’innovation.
Cette note stratégique invite à penser le futur du Royaume non comme une projection linéaire, mais comme la maturation d’un projet national capable de conjuguer compétitivité, équité et influence régionale.